Ostéopathes : des évolutions dans l’accès aux soins pour les plus précaires
En France, tous les types de soins ne sont pas pris en charge par la Sécurité sociale, c’est le cas par exemple de l’ostéopathie, considérée comme une médecine non conventionnelle. Tout le monde n’ayant pas les moyens de consulter, certains ostéopathes proposent des facilités de paiement et des associations se crées pour aller vers ceux qui en ont besoin.
L’ostéopathie est apparue au XIXème siècle aux Etats-Unis. La technique n’est pas nouvelle et pourtant elle n’est, en France, toujours pas considérée comme une médecine à part entière. Ce n’est donc pas remboursé par la sécurité sociale. Depuis quelques années, un nombre croissant de mutuelles proposent de prendre en charge une partie des consultations, par conséquent “ce sont des soins plébiscités par de plus en plus de patients”, se réjouit Mathieu Delgado, représentant régional Occitanie du Syndicat Français Des Ostéopathes (SFDO).
Ils sont 38 000 ostéopathes sur le territoire français (dont 920 sur le département de l’Hérault), divisé en trois catégories : les plus nombreux sont les ostéo exclusifs qui ont fait 5 ans d’études dans une école agréée par l’Etat, ensuite on trouve les ostéopathes qui sont aussi kiné, infirmiers ou encore ergothérapeutes et enfin il y a les médecins ostéo qui en plus de leurs études de médecine ont également un DIU médecine manuelle ostéopathie médicale et qui sont habilités à prescrire des médicaments.
“Les questions financières ne devraient pas interférer, la priorité c’est le soin”
“Il y a une forte densité d’ostéo sur tout le bassin méditerranéen, explique Mathieu Delgado. Quant à la patientèle, on a tous les âges, toutes les catégories socio-professionnelles et des chômeurs. Mais on sait que les plus précaires ne viennent pas.” Le soignant confie même que certains patients sont surpris lorsqu’à la fin d’une consultation ils s’aperçoivent qu’il faut payer. “On découvre parfois à ce moment-là que certains sont en difficulté. Les questions financières ne devraient pas interférer, la priorité c’est le soin. Il m’arrive parfois de proposer des facilités de paiement comme encaisser plusieurs chèques sur différents mois mais cela dépend de la sensibilité du praticien.”
Pour aller vers les personnes qui ont besoin de soins mais qui ne passeraient pas la porte d’un cabinet d’ostéopathie, des structures se crées sur le territoire. A Montpellier et dans toute l’Occitanie, l’association Disos, le dispensaire des ostéopathes, est née à l’automne 2008 pour permettre l’accès aux soins ostéopathiques aux plus démunis. Une quarantaine de professionnels interviennent à la Croix Rouge, aux Lits Halte Soins Santé mais aussi au Centre Frantz Fanon avec des permanences régulières.
“On est conscient qu’on ne touche pas tout le monde”
“Il y a un fort engouement de la part des ostéopathes car on est conscient qu’on ne touche pas tout le monde, ajoute Mathieu Delgado. Dans ces structures, on donne de notre temps et on propose un accès gratuit aux soins pour des personnes très précaires. J’ai par exemple eu comme patient un homme arrivant d’Afrique avec des impacts de balles sur le thorax, il ne serait jamais venu à mon cabinet. J’ai aussi traité des syriens et des afghans. Ce n’est pas évident car il y a la barrière de la langue, on ne se comprend pas et on utilise parfois Google translate quand on a pas d’interprète. Mais c’est une expérience extraordinaire, c’est vraiment le soin pour le soin.”
Car selon l’ostéopathe, son cœur de métier est une prise en charge globale. “Il y a un lien corps et psychologie qui est important. Pour soigner les corps, il faut prendre le temps d’écouter son patient. Une séance dure entre 35 minutes et 1 heure, ce qui n’est pas le cas chez la plupart des soignants. Aujourd’hui, les gens ont de plus en plus besoin d’écoute.”
L’accès aux soins ostéopathiques se développe donc de plus en plus. Beaucoup de mutuelles remboursent quelques séances par an et les ostéopathes s’organisent pour aller vers ceux qui en ont besoin. Si l’Etat n’envisage pas pour le moment de changer le statut de ces professionnels de santé, le recours à leur savoir-faire rentre de plus en plus dans les mœurs.
Auteur : Garlonn Gaud
Publié le 7 décembre 2023 à 19:05
Source : Hérault Tribune
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